La voiture électrique est-elle vraiment écologique ?

Sachez qu'il n'existe pas de voiture non polluante ! Par contre, en fonction de leur processus de production et de leur consommation, les voitures peuvent être plus ou moins polluantes.

Mais la voiture électrique est-elle vraiment la solution écologique ? Vous apprendrez dans cet article que sa production rejette beaucoup plus de gaz à effet de serre qu'une voiture traditionnelle et que les batteries des voitures électriques soint loin d'être neutres pour l'environnement.

C'est un fait établi par de nombreuses études : la voiture électrique est beaucoup moins génératrice de gaz à effet de serre qu'un véhicule thermique de taille équivalente. L'ONG Transport & Environnement conclut d'ailleurs que ses émissions de CO2 sont 22% inférieures à celles d'une voiture diesel comparable et 28% inférieures à celles d'une voiture roulant à l'essence. Effectivement, force est de constater que contrairement aux voitures thermiques, lorsqu'un véhicule électrique roule, il n'émet pas d'hydrocarburs imbrûlés.

Mais après ce premier constat, que l'on retrouve dans diverses études réalisées sur les voitures électriques, il est important de se poser d'autres questions et d'aller un peu plus loin dans le raisonnement. Car un autre point fait également consensus : produire un véhicule électrique demande beaucoup plus d'énergie et émet deux fois plus de gaz à effet de serre que la fabrication d'un véhicule thermique. Alors que la production d'une voiture traditionelle rejette environ 3 tonnes de CO2, la production d'un modèle électrique équivalent entraînera le rejet de 6 tonnes de CO2 environ. Cela est dû principalement à la production de sa batterie et sa motorisation. De plus, le poids de la batterie peut varier entre 700 kg et 300 kg, le véhicule va donc consommer beaucoup d'énergie pour transporter tout ce poids.

Par ailleurs, s'il est vrai que la voiture électrique n'a pas de pot d'échappement, n'oublions pas que par définition, la voiture électrique roule à l'électricité. Et pour la produire, il n'est pas rare d'avoir recours à des combustibles fossiles, comme c'est le cas en Chine où près de 70% de l'électricité est produite dans des centrales à charbon produisant énormément de gaz à effet de serre. En France, cependant, la production d'électricité repose largement sur les centrales nucléaires. Rappelons toutefois que l'énergie nucléaire, même si elle est considérée comme une énergie propre car elle n'émet pas de gaz polluants, n'est pas une énergie renouvelable et produit des déchets dangereux et polluants.

La façon dont est produite l'énergie électrique, aussi bien pour la fabrication que pour l'utilisation du véhicule, est donc un élément clé lors qu'il s'agit déterminer les vertus de ce type de voiture.

Si vous voulez en savoir plus sur les énergies renouvelables, nous vous recommandons la vidéo ci-dessous.

Voilà l'un des gros points faible des voitures électriques. Car même si à l'usage, un véhicule électrique pollue beaucoup moins que son équivalent thermique, l'essentiel de la pollution se fait en amont : lors de la production et de l'extraction des matières. En effet, les batteries lithium-ion coûtent cher à l'environnement. Voici les différents matériaux qui les composent :

• Le lithium. Le problème, c'est qu'il faut beaucoup d'eau pour l'extraire. Le lithium est extrait notamment sous le lit de lacs salés asséchés, principalement en Amérique du Sud. Le Chili (salar d'Atacama), l'Argentine (salar d'Arizaro) et la Bolivie (salar d'Uyuni) forment le "triangle du lithium" et compteraient à eux seuls 80 % des réserves mondiales. L'extraction à outrance du lithium dans ces régions désertiques menace les écosystèmes et l'accessibilité à l'eau pour les populations locales. En effet, le mélange de la saumure nécessaire au nettoyage avec l'eau douce rend cette dernière impropre à la consommation.
• Le cobalt, ou or bleu, est pour sa part principalement extrait en République démocratique du Congo, qui produit plus de la moitié des réserves mondiales. Environ un cinquième du minerai produit dans ce pays proviendrait de petites mines artisanales où les personnes travaillent dans des conditions dangereuses et sans protection. Précisons que la poussière chargée de cobalt est potentiellement mortelle. À part ces petites mines, il existe aussi de grandes mines industrielles qui, selon Amnesty International, posent d'énormes problèmes de pollution. Singalons cependant que les acteurs locaux tentent de mieux encadrer et responsabiliser cette production.
• L'extraction du nickel quant à elle serait également désastreuse. Nous pouvons citer par exemple le cas de la Nouvelle-Calédonie. Des milliers d'hectares y ont été en effet décapés afin de récupérer le précieux nickel. La déforestation et l'excavation des sols entraînent la destruction complète du milieu, pourtant un trésor de biodiversité. À cela s'ajoute l'érosion, l'imperméabilisation des sols dénudés et les inondations qui vont avec ainsi que la dissémination de poussières riches en métaux toxiques.

Recyclage de la batterie de voiture électrique

Il y a donc un "avant", mais pensons également à "l'après". En effet, le recyclage des batteries de voitures électriques pose encore problème.

Même si le recyclage des batteries de voitures électriques semble techniquement envisageable, il est encore peu intéressant au niveau économique. Pourquoi ? C'est encore trop cher et les matériaux recyclés deviendraient alors plus onéreux que les matériaux neufs. Il existe donc une grande marge de progrès et avec l'essor du marché, la filière du recyclage devrait naturellement s'organiser.

Face au défi de la maîtrise de la consommation d'électricité et de la responsabilisation nécessaire de la filière, depuis l'extraction des matières premières jusqu'au recyclage, certaines solutions sont proposées, notamment par la Fondation Nicolas Hulot.

Favoriser un usage partagé des voitures électriques

Il est clair que remplacer simplement les véhicules diesel par des électriques ne répondra ni aux problèmes de congestion des routes, ni aux défis environnementaux. Une économie servicielle aura donc pour vocation de réduire le nombre de véhicules en circulation.

De plus, la durée de vie de la batterie d'une voiture électrique étant limitée à 10 ans en moyenne, la sous-utilisation d'un véhicule augmente son impact environnemental au km. Le partage de véhicule est ainsi une solution pour optimiser l'utilisation de la batterie de la voiture.

Responsabilisation des filières et recyclage

Parmi les politiques à mener à moyen terme à ce sujet, la fondation propose notamment :

• Le renforcement de la réglementation sur le recyclage des batteries, à ce jour insuffisante.
• Le développement des filières de recyclage de batteries en Europe.
• La pleine application du devoir de vigilance des entreprises, en France et au niveau européen.

Vous avez maintenant les clés pour répondre à la question "la voiture électrique est-elle vraiment écologique ?". En conclusion, à l'heure de la transition écologique, il est important de se demander si cette solution présentée comme miracle l'est vraiment. N'oublions pas qu'il n'existe pas de véhicule totalement "propre" et que le seul moyen de se déplacer sans polluer reste encore la marche à pied ou le vélo !

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