Deutéromycètes : Définition, caractéristiques et exemples

Deutéromycètes : Définition, caractéristiques et exemples

Aussi connus sous le nom de "champignons imparfaits", les Deuteromycota sont un groupe de champignons controversé. La classification de ce groupe est en constante évolution car c'est une forme de regroupement qui ne tient pas compte des relations phylogénétiques.

Néanmoins, en raison de leurs implications dans la nature et de leur importance pour les humains, les deutéromycètes constituent un groupe très intéressant. Souhaitez-vous en apprendre plus sur les deutéromycètes et leurs principales caractéristiques ? Vous êtes bien tombé et il ne nous reste plus qu'à vous souhaiter une excellente lecture !

Caractéristiques des deutéromycètes

Ils sont surnommés "champignons imparfaits" car ils n'ont pas de phase sexuelle reproductive. En plus de ça, ils ont aussi certaines caractéristiques qui vous permettront de les identifier, voyons-en quelques-unes :

  • Ils ont une reproduction asexuée : ils se reproduisent grâce à des spores asexués appelés conidies. Dans l'article suivant on vous en dit plus sur la reproduction asexuée !
  • La majorité d'entre eux a un mycélium formé d'hyphes segmentés : ces hyphes segmentés sont ramifiées et elles ont plusieurs noyaux.
  • Ils ont de la chitine-glucane : c'est le principal composant de la paroi cellulaire des deutéromycètes.
  • Ils sont saprophytes et parasites facultatifs opportunistes : principalement des plantes et de quelques autres champignons, de certains animaux ainsi que d'êtres humains. Ne manquez pas cet article sur les saprophytes : ce qu'ils sont et des exemples.
  • Ils sont utilisés dans le champ de la biotechnologie : certains sont utilisés dans le processus de fermentation, d'autres pour la production de médicaments et d'autres comme des contrôleurs biologiques de fléaux et ravageurs.
  • Ils sont la cause d'apparition de certaines maladies dont on souffre : surtout des maladies cutanées et de la muqueuse.

Taxonomie des deutéromycètes

Au début, la classification des champignons était basée sur leur cycle de vie et sur leur morphologie, ce qui explique que les Deuteromycota constituaient un groupe à part qui incluait tous les champignons dont la phase sexuelle était inexistante ou incomprise.

Plus tard, grâce aux progrès technologiques et aux analyses moléculaires, on s'est rendu compte que la plupart des champignons classifiés comme champignons imparfaits étaient en fait des ascomycètes. Cette découverte a permis de reclassifier de nombreux champignons comme Ascomycète ou Basidiomycète, alors que dans d'autres cas le terme deutéromycète était utilisé pour faire référence à la phase asexuée d'un ascomycète et un seul et même champignon avait deux noms scientifiques.

C'est d'ailleurs la raison pour laquelle on dit qu'il s'agit d'un groupe de champignons hétérogène et polyphylétique, car ils ne représentent pas une même lignée évolutive et ils n'ont pas de relations ancestrales. Cette classification pourrait regrouper dans le même genre des champignons qui n'ont rien à voir tout en séparant des champignons probablement liés. Actuellement, le groupe inclut 2.828 genres et 16.200 espèces.

 

Classification des deutéromycètes

Certains auteurs ont divisé les deutéromycètes en trois ordres artificiels : Moniliales, Sphaeropsidales et Melanconiales, mais cette classification est tombée en désuétude. D'autres auteurs proposent de distinguer les champignons imparfaits sur la base de données morphologiques, notamment par les conidies et leur formation.

Ainsi, il y aurait deux groupes composés de :

Hyphomycètes

Les Hyphomycètes sont des champignons qui ont soit des conidiophores libres, soit des groupés de manière lâche ou soit qui n'en ont pas. Parce qu'ils ont un aspect légèrement poudreux, ils sont connus sous le nom de "moisissures". Ils peuvent être subdivisés en plusieurs catégories :

  • Hyphomycetales : ils ont des conidiophores libres
  • Tuberculariales : ils ont des conidiophores dans des sporodochia (un ensemble lâche d'hyphes)
  • Agonomycétales : pas de conidies (les mycéliums sont stériles)

Cœlomocytes

Dans cette classification des deutéromycètes, on trouve ceux qui ont des structures reproductives plus complexes appelées conidiomes, parmi lesquels les conidiophores. Selon la forme des conidiomates, ils peuvent y avoir :

  • Mélanconiales : les conidiomates sont acervulés (en forme de cloque)
  • Sphaeropsidales : les conidiomata sont des pycnides (en forme de poire)

Habitat des deutéromycètes

On peut les trouver dans une grande variété de types d'habitats. La plupart sont des organismes terrestres, mais on en a déjà trouvé qui vivaient dans des environnements aquatiques et même dans des écosystèmes aériens.

Certaines d'entre eux sont plus sélectifs sur le plan des conditions environnementales alors que d'autres peuvent pousser dans des conditions différentes. Même ceux qui sont des parasites d'autres organismes peuvent être spécifiques à un hôte ou multi-hôtes.

Cycle de vie des deutéromycètes

Le cycle de vie des deutéromycètes inclut juste une phase asexuée et on estime que la phase sexuelle a du être perdue au cours de l'évolution.

Les deutéromycètes peuvent se reproduire par le biais de :

  • Spores : les conidies, spores asexuées, sont formées par mitose à l'extrémité d'hyphes spécialisées, les conidiophores. Ces derniers peuvent être totalement libres, faiblement attachés ou dans des fructifications appelées conidiomata. Les spores haploïdes sont transportées par le vent, l'eau ou un vecteur biologique, et lors de la germination, elles donnent naissance à des hyphes avec des noyaux haploïdes capables de générer de nouvelles spores et de recommencer le cycle. Dans l'article suivant on vous dit tout sur la sporulation !
  • Fragmentation : il y a rupture et séparation spontanée des cellules qui composent les hyphes, qui peuvent se comporter comme des spores, se développer et donner naissance à un nouvel organisme.
  • Gemmation mycélien : un bourgeon est formé par la division cellulaire des hyphes, qui augmente de taille et finit par se séparer des hyphes mères, formant un nouvel organisme.

 

Importance des deutéromycètes

Bon nombre des champignons imparfaits sont considérés comme des parasites d'animaux et de plantes. Ils peuvent provoquer des lourdes maladies, comme la teigne du pied (pied d'athlète) et d'autres infections cutanées, des ongles et des muqueuses. Certains produisent des mycotoxines, une substance cancérigène d'origine naturelle.

Mais arrêtons de leur faire mauvaise presse ! Voyons en quoi ils peuvent aussi très importants :

  • Pénicilline : l'une des plus importantes découvertes de la médecine est un antibiotique obtenu à partir de champignons deutéromycètes appartenant au genre Penicillium.
  • Transplantation d'organes : la ciclosporine est un composé synthétisé par un champignon imparfait (Tolypocladium inflatum) et sa découverte a entraîné une augmentation significative du nombre de cas de transplantation d'organes réussis. La raison est que la ciclosporine empêche les réactions immunitaires qui se produisent lors du rejet d'une greffe d'organe.
  • Contrôle biologique : capacité de certains organismes à contrôler les populations d'autres organismes. Par exemple, certaines espèces de champignons imparfaits se nourrissent d'insectes et de nématodes, tandis que des espèces du genre Trichoderma sont utilisées pour lutter contre les champignons nuisibles aux cultures agricoles.
  • Production d'aliments et de boissons : par exemple, certains champignons du genre Penicillum sont utilisés dans la production de certains fromages tels que le Roquefort.
  • Bioremédiation : il a été démontré que l'espèce Aspergillus niger est tolérante à certains métaux contaminants et pourrait donc être utilisée pour la restauration d'écosystèmes contaminés.

Si vous souhaitez lire plus d'articles semblables à Deutéromycètes : Définition, caractéristiques et exemples, nous vous recommandons de consulter la catégorie Biologie.

Bibliographie
  • Amerio NS, Castrillo ML, Bich GA, Zapata PD, Villalba LL. (2020). Trichoderma en la Argentina: Estado del arte. Ecología austral 30(1).
  • Curtis H, Barnes NS, Schnek A, Massarini A. (2008). Biología 7ma. edición. Editorial Médica Panamericana.
  • Garcés de Granada E, Correa de Restrepo M, Coba de Gutierrez B, Orozco de Amézquita M, Zapata AC, Chingana AA, Sabogal SP. (s.f). Morfología y clasificación de los hongos. Universidad Nacional de Colombia.
  • Guarro J, Gené J, Stchigel AM. (1999). Developments in Fungal Taxonomy. Clinical Microbiology Reviews 12(3): 454–500.
  • Olmos-Sánchez IC, Illana-Esteban C. (2017). Tolypocladium inflatum y el descubrimiento de la ciclosporina. Boletín de la Sociedad Micológica de Madrid 41: 129-131.
  • Villalba Villalba AG, Azuara Gómez GV. (s.f). Aislamiento e identificación de Aspergillus niger y evaluación de su tolerancia a metales tóxicos. Desarrollo científico en México pp. 794-1406.
  • Zumelzú G. (2020). Deuteromycota [Material del aula]. Fitopatología, Facultad de Ciencias Agropecuarias de la Universidad Nacional de Córdoba.